Voici un article que j’essaie d’accoucher depuis plusieurs années (si, si) et dont l’envie de l’écrire ne fait qu’augmenter ces années passant. Je voudrais coucher par écrit mes impressions sur le fait de « devenir adulte ».
J’en profite pour illustrer cet article de photos que j’ai prises dans la maison de ma grand-mère au moment où nous l’avons vidée avant de la vendre. Moi qui ai si peur du temps qui passe, j’avais besoin de figer pour toujours des éléments qui avaient fait partie de ma vie si longtemps.
Je réalise pas mal de choses depuis quelques années et m’aperçois que je passe de plus en plus de paliers qui me font aller dans le sens de « l’adulterie ». Je pensais que tout s’accélérerait à partir de 25 ans. Faux, pour ma part ça s’est fait à 27 ans et depuis cela ne s’arrête plus.
Je prends conscience de plein de choses tout le temps et ça me fait flipper autant que ça me fascine.
Une plaque bien plus vieille que moi !
Cela a commencé quelques mois après la mort de ma dernière grand-mère fin 2009. J’ai soudain réalisé que tout un pan de mon histoire avait disparu pour toujours et je n’avais pas eu la chance d’avoir été assez « adulte » à temps pour poser plein de questions. Aujourd’hui encore je me surprends régulièrement à vouloir demander son avis à ma grand-mère sur plein de choses que je ressens malgré le fait que cela fait maintenant plus de 4 ans qu’elle est partie. J’ai le sentiment que je serais encore plus proche d’elle si elle était encore vivante aujourd’hui (sachant qu’il y a toujours eu une petite distance entre elle et moi car dans ce côté de ma famille on ne montre pas vraiment ses sentiments).
Bon, il y a toujours mes parents mais je ne parle pas trop de choses de la vie avec mes parents, c’est comme ça. Ça changera peut-être plus tard…
La vue depuis le lit où j’ai longtemps dormi avec ma grand-mère puis ensuite toute seule car elle dormait au rez-de-chaussée ensuite. Des souvenirs apaisants.
Récemment ce qui me frappe c’est le fait de réaliser que certains moments, certaines habitudes sont finies pour toujours.
Par exemple, quand j’étais plus jeune, je voyais très souvent une de mes cousines. Nous avons quasiment passé toute notre enfance et adolescence ensemble malgré le fait qu’on s’entendait comme chien et chat. Puis vers la vingtaine, nous nous sommes naturellement moins vues, occupées que nous étions à vivre notre vie de notre côté. De plus, ma cousine étant malgré tout une peste, j’avais moyennement envie d’aller la voir spontanément. Il y a encore quelques années je me disais qu’on se voyait moins qu’avant, que c’était une « période ». Et j’ai réalisé récemment qu’en fait non, ce n’était pas juste un « break » entre nous, la période où nous étions vraiment proches est définitivement finie et ne reviendra jamais.
Cela me fait ça avec d’autres sujets comme par exemple dîner chez ma mère. J’ai dîné chez ma mère pendant plus de 25 ans. Puis je suis partie et j’ai donc arrêté de manger chez moi, normal. Et bien ce n’est que récemment que j’ai vraiment réalisé que chez ma mère ce n’était plus chez moi. Que la période où je mangeais, dormais, faisais le ménage dans cet apparemment était définitivement finie. Cela ne devrait a priori plus jamais arriver.
Le baromètre dans l’entrée que ma grand-mère consultait tous les jours
Je ne vous parle pas des moments où je me mets à être nostalgique du collège, du lycée, des relations que j’aurais peut-être aimé entretenir différemment… tout ceci est définitivement fini. Et bien fini… quand je pense que j’ai eu mon bac il y a 13 ans… que je suis amie avec mes meilleurs amis depuis presque 20 ans… ça me donne le vertige.
Alors oui, évidemment je ne voudrais surtout pas revenir à cette période compliquée de l’adolescence. Je suis bien mieux aujourd’hui dans mes pompes, je suis indépendante, je peux faire ce que je veux… mais tout de même, je me prends à rêver parfois d’un petit voyage dans le temps, le temps d’une journée pour me reprendre un petit shoot de ces périodes, par pure nostalgie.
Ne parlons pas de quand je discute avec les stagiaires du bureau nés après 1990… je me sens vraiment un dinosaure d’avoir connu une enfance sans téléphone portable, sans ordinateur ni Internet… et je me surprends à parler comme une « personne âgée » à dire que tout de même « de mon temps certaines choses étaient mieux »…
La poignée de la porte de « la petite chambre » qui était ma chambre quand j’allais chez ma grand-mère (oui j’ai dormi à plein d’endroits différents selon les années).
Et la vie avance… mon père va prendre sa retraite dans 2 mois, partir habiter en province pour toujours. Nous qui n’avons jamais quitté notre banlieue parisienne. Idem, les repas de famille chez mon père… c’est fini, pour toujours. Alors oui il y en aura d’autres dans la Creuse (youhou) mais cette grande période de ma vie où mon père travaillait et habitait à Sartrouville est sur le point de se terminer définitivement.
Ma mère habite toujours dans l’appartement de toute ma vie, elle va aussi prendre sa retraite en décembre et ouvrir un autre chapitre de sa vie et de la mienne.
Et puis il y a mes neveux d’amour qui ne s’arrêtent plus de grandir (14 et bientôt 13 ans) et avec qui la petite distance de l’adolescence commence à s’immiscer entre nous. Finie l’époque où ils accouraient dans mes bras en me faisant plein de bisous, aujourd’hui j’essaie de me raccrocher à quelques bribes d’attention et de tendresse de leur part. On commence à parler sérieusement d’études, de métiers à faire plus tard, j’essaie de les imaginer adultes et d’imaginer à quoi ressemblera notre relation plus tard. Est-ce qu’elle sera comme celle que j’ai aujourd’hui avec ma tante, à savoir quasi inexistante ?
Et le plus dur est que finalement, je suis passée par là où ils passent il n’y a pas si longtemps et j’ai envie de leur donner plein de conseils comme on m’en donnait à leur âge. Sauf qu’évidemment, cela ne nous parle pas à cet âge là, on a pas assez de recul pour comprendre. On dit oui oui et puis on avance comme on veut. On doit faire ses propres expériences et erreurs. Je dis ça pour mes neveux mais cela vaut aussi une fois qu’on est sorti de l’adolescence. On m’a aussi donné plein de conseils quand j’avais la vingtaine mais idem, tant que je n’étais pas passée par moi-même par différentes expériences, je ne pouvais pas comprendre. C’est bien fait la vie finalement ^^ (ou pas ?)
Un mug que j’ai connu toute ma vie !
Bon alors voilà, ce billet paraît peut-être un peu négatif mais c’est juste qu’une fois l’adolescence passée, on se dit que tout va être plus facile. Et honnêtement, quand je repense à quelques années en arrière, je me dis que ça l’a été pendant une petite parenthèse entre mes 21/22 et mes 25/26 ans à la louche.
Avant, je voyais l’enfance et l’adolescence et les années de ma vingtaine comme celles de la construction pour devenir vraiment moi, Céline, adulte et épanouie à 30 ans.
Et puis sont arrivées d’autres préoccupations, celles d’adulte. Et ce qui est dur à accepter est qu’en fait je pense qu’on est jamais vraiment tranquille ou sûr de ses choix. Quand on est petit, on croît que les adultes savent tout, qu’ils ont passé toutes les épreuves et que maintenant c’est bon. Je m’aperçois que non, nous ne serons jamais tranquilles ou sûrs. Les préoccupations ne font qu’évoluer et je pense que même aujourd’hui à plus de 60 ans, mes parents se rendent toujours compte de plein de petites choses comme je m’en rends compte de mon côté. Bon en même temps, c’est sûrement pour le mieux, sinon on s’ennuierait durant toute la vie qu’il nous reste à vivre, non ?
Si jamais vous avez environ mon âge, vous me confirmez que vous aussi vous réalisez plein de petites choses régulièrement ?
Et si vous êtes un peu plus vieux, est-ce que cela continue encore ? Ou on s’habitue parce qu’on est enfin devenu plus sage ?
Comme il est touchant ton billet. Moi j’aime la routine et cette nouvelle routine qu’on créé avec ses amis et sa nouvelle famille ou son amoureux… J’aime savoir qu’aujourd’hui on choisi les gens qui nous entourent et que si on a réussi à faire tout ça c’est parce que justement on a eu de beaux moments plus jeunes avec une routine positive et qui nous a donné envie de vivre et de profiter de chaques moments ;)
Pendant mon adolescence, j’avais hâte d’être adulte. Et puis à 20 ans j’ai voulu arrêter de grandir. Pour remettre un coup d’accélérateur de « trucs d’adultes » entre 22 et 26 ans (couple, projets…)
Etrangement depuis 2 ans et depuis que j’ai renoncé à vouloir vivre « comme une adulte » je me suis jamais sentie aussi jeune, et pourtant j’ai cette liberté et cette maturité que je n’avais pas avant et qui fait que je ne me pose plus de questions sur l’âge, je suis juste bien.
C’est étrange que tu parles d’être adulte en énumérant tout ce qui te rend nostalgique de ton enfance. Peut être que tu as du mal à voir ce que tu as gagné plutôt que ce que tu as perdu… ?
Je pense qu’on passe tous par cette période où on se rend compte que les choses bougent, et ne seront plus jamais celles qu’on a connu. Il faut retrouver des repères et aller de l’avant.
Je me souviens avoir eu cette prise de conscience au moment des résultats du bac. Je me disais « c’est probablement la dernière fois que je vois untel ou untel, avec qui j’ai fait toute ma scolarité ».
Des années après, à la naissance de ma fille, j’ai pris soudainement conscience de ma mortalité, et du fait que je passais au cran suivant : celui de mère. Et que donc l’étape d’après, c’était grand-mère. Puis mort. Ca m’a secoué.
Cette année, mon mari et moi avons perdu chacun une grand-mère, le même mois. Et tout ce que tu résumes dans ton billet, je l’ai ressenti moi aussi.
Quand une page se tourne, tu fais un bilan, forcément. Et tu prends conscience des changements de repères que ça va impliquer.
Je suis d’accord avec toi, il est fort probable qu’on se pose encore beaucoup de questions sur son chemin de vie passé 60 ans. Mais on les vivra peut être différemment d’aujourd’hui.
Beau et touchant billet. je suis dans le debut de ma 40aine. D’un côtė, pas envie d’être un « adulte », et pourtant à partir du moment ou j’ai eu ma première fille dans les bras, mon monde a basculė. Dans quoi? Je ne le sais pas vraiment, un monde d’obligations, de responsabilitės, de choix, bons ou mauvais, mais justement, pas le choix…il faut en faire.
La vie est ainsi faite, jeune nous n’avons que faire des conseils des anciens, qui sont pourtant si prėcieux, tant que nous n’avons pas vėcu certaines choses par nous même. Après cela, nous avons besoin de leurs conseils, mais il est souvent trop tard. Et parent, c’est à notre tour d’en donner, mais sans retour.
Devenir adulte, c’est peut-être prendre conscience du temps qui passe, et des bons souvenirs que nous voudrons laisser aux notres. Emma,Chloé, Aurélie je vous aime.
C’est étrange, je n’ai pas encore très envie de devenir adulte, et j’ai bien le temps, je n’ai que vingt ans apres tout !
Je me suis fait moi aussi la même réflexion sur mes cousins, je les vois de moins en moins alors que j’ai grandis avec eux, ça me rend triste mais c’est comme ça !
Article très bien écrit et un plaisir à lire ! :)
Romy
http://linconstance.blogspot.fr
Oui, on continue à découvrir des tas de trucs… et surtout, enfin dans mon cas, j’apprends à lâcher sur plein de choses, finalement ma vie est plus complexe (mes enfants, mon couple, mon job) mais aussi plus « simple » (je ne sais pas si je suis très claire, là !)
C’est marrant je ne me retourne absolument jamais sur le passé comme ça. En revanche parfois je me dis wow j’ai 28, j’ai tous les critères de l’ « adulte » (mariée, 2 enfants, propriétaire, en CDI, tout ça) et pourtant je ne me sens pas du tout adulte, j’ai l’impression de toujours être une petite jeunette.
Ce que je réalise aussi en étant maman, c’est que mes parents ont un jour été comme moi, du coup je trouve que ça me rapproche beaucoup d’eux. (alors que je viens d’une famille ou on rigole beaucoup, on se marre bien, mais on parle très rarement de nos sentiments)
En fait je pense qu’on peut être adulte a 12 ans ou qu’on peut rester un grand enfant toute sa vie, tout est question d’état d’esprit !
J’ai 25 ans et j’ai l’impression d’être encore une gamine. Bien souvent, je me reprends, je me dis « mais t’es une adulte maintenant, agis comme une adulte » mais je me surprends encore à me dire « quand je serai grande ».
Ton article, il me parle, oui, j’ai l’impression que j’aurais pu l’écrire. Cette notion d’éternité, j’en prends conscience aussi un petit peu plus chaque jour « je ne ferai plus JAMAIS ça », « chez papa, ce n’est plus chez moi », et suis obligée de me répéter ces phrases pour réaliser ce qui est, je le sais, la normalité… Mais je suis encore un peu en colère quand mon père transforme ma chambre en bureau. J’espère qu’à 27 ans (dans deux ans…), je me sentirais enfin adulte, moi aussi :)
Je me reconnais tellement dans ton billet… Je me définis moi même comme une angoissée du temps qui passe alors j écris… Je viens de commencer un cahier pour ma fille avec des anecdotes, des tickets de cinéma… Pour que, dans quelques années, on puisse se faire le shoot dont tu parles.
J’aurai pu moi même écrire ce billet tellement il me ressemble et me parle. J’ai 27 ans et pourtant j’ai l’impression de n’avoir rien fait de ma vie, de ne pas arriver à commencer quelque chose et de ne pas avoir commencé à vivre. Un peu comme si chaque jour je me disais que « j’ai le temps », afin de ne pas vieillir, grandir et prendre mes responsabilités… Tant de questions dans cette vie. Merci pour cet article.
Je découvre tout juste ton blog, grâce aux articles IG :) Ton billet sur « l’adulterie » me parle beaucoup, car c’est quelque chose que je ressens aussi depuis quelques années. J’ai 31 ans, et avant, je me demandais quand je serais « adulte ». Comme toi, je pensais qu’être adulte, c’était tout savoir, tout résoudre, ne plus avoir peur de rien, ne pas douter, tout savoir faire. Du coup, je complexais beaucoup, j’ai complexé longtemps, et je me trouvais « bébé » par certains côtés – parce que je ne cuisinais pas et n’aimais pas ça, parce que j’ai galéré sec pour me sentir mère à l’arrivée de ma première fille, parce que je ne suis pas raisonnable sur plein de points (le shopping compulsif, la bouffe-réconfort), parce que je doutais terriblement de moi dans mon métier (je suis à mon compte, donc il n’y a que moi pour estimer mon propre niveau)… Plus jeune, je pensais qu’être adulte, c’était quand on était capable de gagner sa vie sans être aidé par ses parents, quand on conduisait sa voiture, quand on avait son travail, quand on n’avait plus besoin de demander à sa maman quel médicament on doit prendre quand on a tel symptômes. Et puis, petit à petit, le temps passant, j’ai réalisé : d’une, que franchir tous ces caps ne me garantissaient absolument pas de devenir adulte, pouf ! comme ça, du jour au lendemain :D et de deux, que finalement, ce n’est pas ce que je faisais dans ma vie, mais la façon dont je percevais ce que je faisais, qui avait fait de moi, progressivement, une adulte. Je n’ai pas plus confiance en moi qu’avant, mais je le vis mieux, parce que je suis plus lucide, plus mature, que je sais qu’il n’y a pas mort d’homme, que je peux le surmonter, et, surtout, que TOUT LE MONDE a ses complexes, défauts, manques, peurs, failles et cie. Voui, voui, et pourtant nous sommes tous adultes ! Être adulte, c’est comprendre ça, savoir qu’en fait, nous avons tous nos ambivalences, notre complexité, mais nous apprenons à faire avec, à composer bon gré mal gré. Disons qu’un jour, j’ai réalisé que je n’avais plus peur d’avoir des peurs, que ce n’était pas insoluble, de ne pas savoir tout résoudre. Et je crois que c’est quand on gagne cette compréhension-là qu’on passe doucement à « l’âge adulte ».
Tout en restant au fond de soi de grands enfants, parce que ce qui est cool, quand tu es adulte, c’est que tu n’as plus de comptes à rendre à personne (ou plus les mêmes), et que tu es libre de faire ce qui te chantes ; il n’est plus question d’avoir le droit de ou pas, mais de s’autoriser à ou pas… et ça, c’est cool, quand même ;)
Bonjour Marjolaine,
Merci beaucoup pour ton témoignage et je suis bien d’accord avec toi sur le fait que ce sont plus des perceptions qui te font prendre conscience que tu as « grandi » et du chemin parcouru. Effectivement, plus de sérénité, moins de prises de tête sur certains sujets, une sagesse due à une courbe d’expérience qui se fait automatiquement plus on avance dans la vie :)
Et il est vrai que le fait de « s’autoriser » des choses en dehors du carcan parental (qui est parfois bien plus présent qu’on ne le pense malgré la trentaine !) illustre bien le fait de devenir adulte, réellement son propre maître ;)
Bonjour,
j’ai découvert ton blog hier, en passant par celui de « Merci pour le chocolat » et je t’ai d’ailleurs envoyé un mail sur le régime à IG bas :)
Mais je commence à lire tes articles et je me retrouve dans beaucoup de tes billets.
En dehors de notre prénom, nous avons sans doute d’autres points communs !
J’ai 36 ans, je suis en couple depuis 10 ans, j’ai une petite puce de 18 mois mais ce n’est pas pour autant que je me sens « adulte »… Moi aussi je me retourne sur certaines périodes, et pourtant, je n’ai pas aimé mon adolescence, ni la vingtaine. J’avais de l’acné, j’étais trop rondelette, j’étais archi complexée… Je ne me suis libérée que vers 25 ans… Mais je suis toujours au fond de moi cette petite fille pas assez jolie, le vilain petit canard de la famille…
Je crois que finalement, devenir adulte, c’est reconnaître qu’on a toujours peur, qu’on peut être terrifiée, mais on connaît les ressources dont on dispose pour avancer. C’est accepter de ne pas tout maîtriser. Se dire qu’on ne pourra jamais être parfait, mais faire de son mieux chaque jour et faire preuve d’indulgence envers soi-même.
Et quand j’ai un gros coup de mou, j’appelle Papa et Maman, et leur parler me fait du bien, ils me rassurent :) Je crois aussi que l’on reste un enfant toute sa vie !
Merci pour ton article :)